C’est la loi du marché : tu me donnes ta montre, je te donne l’heure - donnant, donnant.


2004 | quatuor dramatique

 
A toi la cité, dit le flic au garçon, à moi le reste du monde. Si tu ne veux pas que je vole, dit la fille à sa mère, il faut me donner du fric.
Drogue contre argent, argent contre coups, drogue contre sexe, sexe contre argent, argent contre drogue.
Affolement du cours des équivalences.
Coups de matraque contre coups en douce. Contrat d’esclavage contre shoot.
Gangrène de la violence. Tu me fais la leçon, je te fais la nique. Tu me fais la nique, je te passe à tabac. Tu me passes à tabac, je te tue.

L’histoire d’un garçon dont la vie est pleine de films, rangés dans une cave, rangés dans des boites... vides, contre l’histoire d’un flic qui use de moyens illégaux pour faire respecter la loi.
Ou l’histoire d’une fille qui regarde détaler des petits lapins dans un terrain vague, quand une voiture ralentit à la hauteur de l’arrêt de bus où elle tapine, contre l’histoire d’une femme qui voudrait croire qu’aimer sert à être aimée.

Une fable, mettons : l’homme déguisé en bête contre la bête déguisée en homme — donnant, donnant.
 


Édition : in Je m'appelle et autres textes - Éditions de Minuit, 2008
Radio : France Culture - 1ère diffusion 22 mai 2007
Traductions :
 
KIYOSI KITAGAKI  | japonais 
REYHAN OZDILEK  | turc 
FERNANDO GOMEZ GRANDE | espagnol (castillan)
Lui écrire