Pour ce qui relève de la recherche et de l'enseignement, mon parcours n'a pas été celui d'un universitaire de formation, mais (plus modestement, ou plus singulièrement) celui d'un artiste professionnel — écrivain, homme de théâtre —, doublé d'un enseignant dans des écoles supérieures d'art (notamment), attaché à penser en poéticien ses ouvrages pour la scène et, au-delà de ses propres ouvrages, à proposer quelques outils critiques et réflexifs à celles et ceux qui entreprennent l'aventure dramatique, et/ou l'assistent en qualité de spectateurs.
J'ai enseigné une vingtaine d'années dans des écoles de théâtre — après avoir longtemps enseigné le théâtre dans des écoles... Des classes d'option artistique L3 du lycée Vaugelas de Chambéry au studio de l'ENSATT, des cours d'interprétation du "Théâtre-école du Passage" de Niels Arestrup aux ateliers d'acteurs de l'école du Théâtre National de Strasbourg, des stages de formation continue de comédiens (AFDASS) aux worshops et master classes internationaux …, j'ai confronté de multiples façons, et avec des objectifs très divers, mon expérience artistique à l'insatiable appétit de théâtre d'innombrables jeunes gens.
L'enseignement, qui n'était qu'incident dans mon parcours d'artiste au début des années 90, a pris très vite une place, sinon prépondérante, à tout le moins déterminante dans mon travail. Il a participé directement de ma recherche artistique, comme de sa rétrospection critique; il est, en ce sens, devenu geste d'art.
Après six années d'enseignement à l'école du Théâtre National de Strasbourg, et 2 années d'enseignement à l'ENS-LSH de Lyon en qualité d'enseignant associé (PAST), j’ai été recruté en 2003 par l'ENSATT*, à Lyon, pour concevoir et diriger le département des "Écrivains dramaturges".
J'ai été par la suite qualifié Maître de Conférences par le Comité National des Universités, puis nommé à l'ENSATT sur un poste de MCF – toujours en position de responsable de département.
J'ai pris ma retraite de l'enseignement supérieur en juillet 2019.
J’ai également enseigné de 2014 à 2020 à l’Université Carlos III de Madrid, dans le cadre d'un Master de Création Théâtrale, dont j'étais membre du conseil scientifique et artistique. La Covid a mis fin prématurément à cette belle expérience, initiée et conduite par le dramaturge madrilène Juan Mayorga.
Jusqu'à ces dernières années (2020), j'ai par ailleurs conduit un très grand nombre d'ateliers éphémères — principalement sous la forme de studios d'écriture dramatique — en France et à l'étranger (Suisse, Belgique, Allemagne, Italie, Espagne, Turquie, Grèce, Chine, Mexique, Chili, Argentine, Uruguay, Bénin...) J'ai décidé de mettre un terme à ce type d'activité en 2020 — ainsi d'ailleurs qu'à la poursuite de l'expérience du Studio Européen des Écritures pour le Théâtre (SEET) à la Chartreuse Villeneuve-lès-Avignon / Centre National des Ecritures du Spectacle. Place aux jeunes !
Les échanges avec les étudiant·es écrivain·es de l'ENSATT, s'ils n'ont jamais porté directement sur mes ouvrages, livres ou spectacles, n'en sont pas moins marqués par l'expérience immédiate qui les a instruits et mouvementés. Un de mes anciens étudiants se plaisait récemment à noter le "climat d'urgence permanente", voire de fébrilité, qui marquait nos séances de travail. J'y vois le symptôme d'une pensée "en bord de scène", impatiente de produire ses effets sur le théâtre qu'elle s'efforce de réfléchir et d'infléchir.
Sur cette expérience pédagogique, artistique et politique, voir notre essai collectif "PENSÉE PLURIELLE, ÉCRITURES SINGULIÈRES" (Solitaires Intempestifs, octobre 2020.)
* ENSATT : École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre