LES ARTISANS COSMIQUES - triptyque romanesque

“La figure moderne n’est pas celle de l’enfant ni du fou, encore moins celle de l’artiste, c’est celle de l’artisan cosmique.”
Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille plateaux. 

 

LE TESTAMENT DE VÉNUS (Éditions Gallimard, 2006)

Depuis le squat des bords de l'Ire où il a trouvé refuge, Félix Fayard, dit Vénus, compose en manière de testament le récit de sa vie sur trois cahiers sauvés de la poubelle. Devenu Artiste Général, auteur de quelque cinq mille figurines, bas-reliefs, collages, et autres "scriptures"…, il a organisé sa survie en marge d'un monde qui semble ne vouloir que sa disparition. Rares sont ceux à visiter encore cet ermite tenu pour fou, voire dangereux, qui, revenu des fureurs du baroud, de la tentation de la folie et des affres de l'amour, n'aspire pourtant qu'à «rentrer à la maison».

 

SURFACES SENSIBLES (Éditions Gallimard, 2007)

Sept ans après l’accident qui lui a ôté la vue, la photographe Lori Kemp entreprend de dicter un ouvrage retraçant son parcours artistique. Pour transcrire ses enregistrements, elle engage et héberge Babette, elle-même au sortir d'années tumultueuses — et l’une des figures évoquées dans « Le Testament de Vénus ». Soir après soir, fascinée par Zoé, la fille recluse de Lori, Babette se raconte à son tour à cette jeune musicienne surdouée et squatteuse d’identités.
D’une chambre l’autre, c’est une mystérieuse intercession, une étrange cérémonie qui se joue entre ces trois femmes. Leurs voix entrelacées chantent l’amour et le désamour, la violence et la folie, l'incandescence et la perte. Elles disent l’art, intime et vital, au plus près des pulsions et des gestes. Elles réclament une vie plus vaste, plus dense, plus libre.

 

VITA NOVA JAZZ (Éditions Gallimard, 2011)

Vingt ans après sa création, le saxophoniste Jim Erris est invité à ressusciter le « Vita Nova Jazz Ensemble », avec lequel il a joué durant une décennie sur les scènes du monde entier, et qu'il a dû dissoudre après sa condamnation pour violences conjugales (évoquées par Babette dans « Surfaces sensibles ».)
La perspective de ce concert anniversaire ramène Jim aux heures les plus troubles de son existence, et l'engage à composer au fil des jours une longue lettre-confession adressée à sa victime : " Besoin irrépressible de mettre en mots ce morceau de musique en up tempo auquel s'est mise à ressembler mon existence — musique trouée de vide. Et, quelle qu'en soit la raison, il m'est impossible d'écrire le moindre mot qui ne te soit adressé. "
Comme un solo, qui détricoterait une histoire d'amour et qui raconterait l'histoire de la musique. Sound and fury and night and silence. L'amour de la musique, la musique de l'amour. La sérénade, puis l'hymne, puis la tragédie, puis le chaos, puis le désert, la disparition de Béatrice et l'écriture de Vita Nova.